Les teutoniques et les hospitaliers.


 

  Les teutoniques.

    
                              


Fondation.

L'ordre Teutonique est fondé en Terre sainte, à Saint-Jean-d'Acre, du temps des croisades, et reconnu comme ordre hospitalier dès 1191 par le pape Clément III.

À l'origine simple communauté religieuse charitable venant en aide aux pèlerins chrétiens malades, il est réorganisé en ordre militaire vers 1192 et obtient la reconnaissance officielle du pape Innocent III en 1198. Il est composé pour l'essentiel de chevaliers allemands ou teutons.

Le premier grand maître, Heinrich Walpot, est élu en Terre sainte où il fait bâtir une église et un hôpital.

Un siècle plus tard, en 1291, la prise d'Acre par les Mamelouks oblige les croisés à quitter la « Terre sainte » et contraint l'ordre à reconsidérer sa mission

Expansion.

Les chevaliers décident de se replier sur leurs possessions de Prusse et de Livonie, où ils luttent déjà contre les populations païennes d'Europe orientale. Les chevaliers de Dobrin s'étant révélés impuissants à christianiser les Prussiens, Conrad de Mazovie propose, en 1226, à Hermann von Salza, quatrième grand maître de l'ordre, les provinces de Culm et de Livonie en échange de son aide.

Le pape Innocent III lance, au même moment, les croisades baltes. En un an, les chevaliers conquièrent les provinces de Warmie, de Nantangie et de Bartie ; ils fondent, ainsi, l'État monastique des chevaliers teutoniques. Ils bâtissent, également, de nouvelles villes telles que Thorn (1231), Königsberg (1255) ou Marienburg (1280), dont ils font leur nouvelle capitale en 1309. L'ordre Teutonique fusionne, en 1237, avec les Chevaliers Porte-Glaive (ou ordre de Livonie), ce qui lui permet de se renforcer et d'étendre ses possessions. Les chevaliers Porte-Glaive conservent, néanmoins, une autonomie au sein de l'ordre.

Déclin.

La consolidation et l'émergence au sud du royaume de Pologne, christianisé et uni depuis 1386 au grand-duché de Lituanie par mariage dynastique, menace directement la suprématie des chevaliers dans la région.

Le tournant est atteint lorsque la crise larvée entre les deux ennemis héréditaires éclate en 1410. La bataille de Grunwald (ou de Tannenberg) voit une coalition lituano-polonaise dirigée par le roi Ladislas II Jagellon écraser l'armée des Teutoniques. La bataille se solde par plus de 13 000 morts dans les rangs de l'Ordre, parmi lesquels le grand maître Ulrich von Jungingen. La contre-offensive polonaise est arrêtée par le commandeur de Schwetz, Henri de Plauen qui, en s'enfermant dans le château de Marienbourg, résiste à toutes leurs attaques . Le traité de Thorn (Toruń, en polonais) restaure le statu quo ante bellum (même situation qu'avant la guerre).

Une guerre civile se produit au début de la deuxième moitié du XVe siècle. Les adversaires des chevaliers se tournent vers le roi Casimir IV de Pologne en 1454. Marienbourg est définitivement prise par les Polonais cette même année. Le grand maître se réfugie alors à Königsberg, qui devient ainsi la nouvelle capitale. À l'issue de la guerre de Treize Ans, le second traité de Thorn (1466) cède la Prusse royale (partie ouest) et la ville de Dantzig (Gdańsk) à la Pologne, et fait de l'État teutonique un vassal de cette dernière. Les chevaliers ne disposent plus à ce moment que de la Prusse originelle (partie est), sur laquelle ils ne sont plus souverains, puisque vassaux des Polonais. Ce dernier revers ne fait que confirmer l'inéluctable décadence de l'ordre.

L'ordre aujourd'hui.

Après la conversion du grand-maître au luthérianisme et la sécularisation de l'ordre, une partie des chevaliers, restés catholiques, décident d'élire leur propre grand maître - Walter de Cronberg - et intentent un procès contre Albert de Brandebourg qui est mis au ban de l'Empire. Ils transfèrent leur siège à Mergentheim en Franconie et se réimplantent dans le Saint Empire.

La bailli de l'ordre d'Alsace-Bourgogne située à Altshausen jusqu'au XVIIIe siècle a compris des commanderies alsaciennes comme Strasbourg, Andlau, Kaysersberg, Rouffach, et Rixheim, mais aucune commanderie en Bourgogne.

En 1805, dans le traité de Presbourg, Napoléon accorde à l'empereur d'Autriche François Ier d'Autriche le droit de nommer comme grand maître un prince de sa famille, à qui reviennent tous les revenus de l'organisation. Le 24 avril 1809, à Ratisbonne (Bavière), l'empereur des Français prononce sa dissolution. Désormais, seules subsistent quelques commanderies isolées en Autriche et à Utrecht. Un semblant d'ordre est rétabli en 1834, mais il reste exclusivement sous tutelle autrichienne.

Avant la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler tente de récupérer l'image historique des chevaliers teutoniques pour exacerber le sentiment d'identité nationale. Par la suite, il prend des mesures restrictives contre ce qui reste de l'ordre teutonique, notamment par des saisies de biens, de terres, et en emprisonnant le grand maître.[1]

Les chevaliers teutoniques sont aujourd'hui environ 1 000: 100 prêtres, 200 soeurs et 700 affiliés laïcs. Les œuvres teutoniques qui se perpétuent de nos jours sont exclusivement de nature charitable et hospitalière ; elles opèrent essentiellement en Franconie.

Habillement.

L'habit des chevaliers teutoniques est un manteau blanc frappé d'une croix noire. Certaines unités de chevaliers portaient un casque orné pour terrifier leurs rivaux.

Les « frères sergents », membres non-nobles de l'ordre, portaient un manteau gris.


                                             



 L'ORDRE HOSPITALIER
DE SAINT-JEAN DE JERUSALEM,
ou, ORDRE SOUVERAIN DE MALTE


         


L'Ordre Souverain Militaire et Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom d'Ordre de Malte, a comme origine des moines et des marchands du port italien d'Amalfi. Son berceau est l'église Sainte-Marie-Latine à Jérusalem, bâtie en 1048, ainsi que le monastère et l'hôpital édifiés sous ses murs, à l'intention des chrétiens résidant dans la Ville Sainte. Cette église était tenue par des seuls religieux, et l'hospice par des frères hospitaliers. A la suite de la conquête de Jérusalem par Godefroy de Bouillon, en 1099, le bienheureux Gérard Tenque sépara les hospitaliers des religieux et fonda l'Ordre de Saint-Jean-Baptiste, qui fut approuvé par le pape Pascal II en 1113. Après la mort de frère Gérard, son successeur Raymond du Puy (premier qualifié maître de l'ordre), le convertissait en un ordre religieux de chevalerie, que Calixte II confirma en 1120. Les chevaliers Hospitaliers faisaient vœux de chasteté, d'obéissance et de pauvreté. Ils n'adoptèrent la vocation militaire que vers 1140, sans toutefois perdre leur rôle hospitalier.

. Les chevaliers Hospitaliers portaient une soubreveste rouge ou noire, à la croix latine blanche. L'ordre était divisé en huit régions dites " langues " : Provence, Auvergne, France, Italie, Aragón-Navarre, Castille-León-Portugal, Angleterre et Allemagne.

. Entre 1142 et 1144, l'ordre acquit cinq forteresses dans le comté de Tripoli, dont le fameux Krak des Chevaliers, qui devint un symbole de sa puissance. Cependant, la chute de Jérusalem en 1187 força les chevaliers de Saint-Jean à se retirer à Margat, en Phénicie, puis à Saint-Jean-d'Acre. Après la prise de Saint-Jean-d'Acre, ils passèrent dans l'île de Chypre (1291), puis, à Rhodes dont ils s'étaient emparés, en 1309 (on les nomme parfois " Chevaliers de Rhodes "). En 1522, après le siège de Rhodes par Süleyman II, les chevaliers, sont contraints de capituler. Leur grand maître Philippe Villiers de l'Isle-Adam demande alors au pape Clément VII un nouvel asile pour l'ordre.

. En 1530, les chevaliers allèrent s'installer sur l'île de Malte ; que l'empereur Charles Quint leur avait donné, en fief de son royaume des Deux-Siciles. L'ordre prit alors le nom usuel d' " Ordre de Malte ". En 1565, les chevaliers durent faire face à un grand siège de l'île par les Turcs Ottomans, qu'ils repoussèrent après des mois de lutte acharnée. L'ordre fut alors fêté dans toute l'Europe en tant que sauveur de la Chrétienté. Cependant, les chevaliers s'attendant à un retour imminent des Turcs, ils bâtirent la ville fortifiée de La Valette, nommée en l'honneur du grand maître de l'époque, Jean Parisot de La Valette. Plus tard, les chevaliers de Malte s'illustrèrent à nouveau à la victoire de Lépante en 1571.

. En 1798, l'ordre capitula devant Napoléon Bonaparte qui confisqua tous ses biens. Les chevaliers durent alors quitter l'île de Malte. Le grand maître Ferdinand von Hompesch abdiqua en 1799, et, l'ordre tenta de se mettre sous la protection de l'empereur Paul Ier de Russie, proclamé nouveau grand maître. Mais le pape Pie VI refusa de reconnaître cette élection d'un orthodoxe, marié, et n'ayant jamais appartenu à l'ordre. Son successeur, l'empereur Alexandre Ier, ne souhaitant pas prolonger cette situation d'irrégularité, refusa la grande maîtrise en 1801, et édicta que l'ordre devait élire son grand maître selon ses statuts et usages anciens. Comme on ne pouvait convoquer une assemblée générale des membres de l'ordre, il fut convenu qu'il serait proposé au pape de choisir, pour cette unique fois, un grand maître parmi les candidats déjà élus par chacun des prieurés de l'ordre. Le 9 février 1803, Pie VII choisit le candidat élu par le prieuré de Russie, le bailli Giovanni-Battista Tommasi, qui devenait ainsi légitimement le 73e chef suprême de l'ordre.

. L'ordre se réfugia dès 1801 dans des villes d'Italie, mais ses biens furent confisqués presque partout. C'est finalement la papauté qui l'empêchera de disparaître. En effet, Léon XII transporta l'ordre dans les Etats de l'Eglise en 1827 ; puis, Grégoire XVI, en 1834, autorisa son installation définitive à Rome, au palais de Malte, où se trouve le grand magistère, encore aujourd'hui.

. Au XIXe siècle, après avoir été administré par des lieutenants généraux, l'Ordre Souverain de Malte fut de nouveau gouverné par un grand maître dont le titre fut rétabli, en accord avec le Saint Siège, en 1879. L'ordre reste aujourd'hui très hiérarchisé (un grand maître élu à vie est assisté par un souverain conseil). L'organisation en " langues " ayant disparu, les membres constituèrent des associations nationales dès 1864.

. De nos jours, l'ordre est revenu à sa vocation hospitalière primitive, et ses œuvres humanitaires témoignent de son intense activité auprès des pauvres et des malades. Il apporte une aide d'urgence lors de conflits ou de catastrophes naturelles, et, dispose d'hôpitaux dans le monde entier qui s'investissent également dans des travaux de recherche. L'Ordre Souverain de Malte possède un statut d'état indépendant. Son extra-territorialité est reconnue dans de nombreux pays dans lesquel il a une représentation diplomatique, ainsi qu'au Conseil de l'Europe, à l'UNESCO et à l'Institut International des Droits de l'Homme. Le siège de l'ordre est à Rome où il possède un territoire de 12.000 m2. Depuis 1991, le gouvernement maltais lui à concédé la jouissance du fort St.-Angelo, proche de La Valette.

. Quatre ordres protestants ou anglicans, issus de la même souche, peuvent avec l'Ordre Souverain de Malte (catholique), se prévaloir du vocable de St.-Jean-de-Jérusalem. Ils jouissent de la reconnaissance officielle des états dans lesquels ils existent, et, ont créé en 1961 une " Alliance des Ordres de Chevalerie des Hospitaliers de St.-Jean-de-Jérusalem " (dont le siège est à Berne). Ces ordres sont : le " Grand Bailliage de Brandebourg de l'Ordre des Chevaliers de St.-Jean de l'Hôpital de Jérusalem " (Die Balley Brandenburg des Ritterlichen Ordens St. Johannis vom Spital zu Jerusalem ou " Johanniter Orden "), duquel sont dérivé les " Johanniterorden i Sverige " et " Johanniter Orde in Nederland " ; et le " Grand Priory of the British Realm of the Most Venerable Order of the Hopital of St. John of Jerusalem " (ou " The Order of St. John ").






28/01/2010
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